« Le rôle de la matrice militaire dans la promotion du tourisme culturel en Tunisie. »

Par Sami Harize / conférencier

Deuxième partie de l’intervention; un état des lieux du rôle des ministères de la défense et du tourisme dans la promotion du tourisme culturel en Tunisie:

« D’une manière générale, tourisme de mémoire rime avec tourisme militaire. Mais la deuxième appellation est sans doute conceptuellement plus globale. C’est ce segment du tourisme culturel durable qu’il faudrait alors mieux exploiter d’un point de vue de la promotion, de l’acquisition des marchés touristiques et de sa commercialisation. Ceci ne peut être fait que sans pointer clairement une clientèle cible. Il faudrait alors enfin se diriger vers elle en employant les moyens cybernétiques.

Qu’en est-il du côté ministériel ?

Nous prendrons ici les deux ministères plénipotentiaires soit ses décideurs actifs, à savoir le ministère de la défense et celui du tourisme.

Office National du tourisme tunisien et tourisme militaire
– Notion du tourisme militaire quasi-absente au niveau de la direction des produits de l’Office.
– Absence de campagnes publicitaires probantes dans ce domaine. Même la représentation imagée du tourisme militaire est très rare dans les slogans publicitaires souvent classiques de l’ONTT.
– Absence d’une carte stratégique de vente des sites à thématique militaire. ü Absence d’une formation de guide locaux ou d’un essai de communication sur les attraits touristiques que renferme le tourisme militaire tunisien.
– Problème de connectivité de ses sites militaires avec de possibles lecteurs du monde virtuel.
– Absence de publications, de documents –à ce titre aucune brochure touristique ne mentionne un cimetière militaire ou un musée qui traite de cette thématique- de supports audio-visuels traitant de ces attraits comme les DVD.
Absence d’une consultation avec les guides spécialisés de ce domaine, lesquels ont été formés sur le tas, souvent grâce aux visiteurs-mêmes, ayant pour seul leitmotiv une pure passion pour une thématique malheureusement oubliée.
Absence d’évènements culturels, de conférences adéquates afin de rendre compte de l’importance de ces sites.
Une grande partie des sites d’intérêts ne sont pas visés par le Commissariat Régional du Tourisme à Tunis et ses succursales à l’échelle des gouvernorats. Ainsi en vendant ces endroits aux touristes les agences de voyage de Catégorie A s’exposent à des sanctions sévères, au même
exemple que celui du tourisme de randonnées. En saquant enfin que ce dernier produit peut être facilement linké au premier.

NB : Par ces sites, on désigne essentiellement :

– Les ouvrages militaires de l’antiquité.
– Les structures défensives arabo-musulmanes.
– Les cimetières de la deuxième guerre mondiale.
– Les musées militaires comme celui de Mareth ou musée militaire national du Palais de la Rose ou de la mémoire nationale soit le musée du Sedjoumi ou encore le musée de la mémoire commune tuniso-algérienne de Ghardimaou.
– Des lieux de Batailles quel qu’en soit l’époque. Exemples : le site de la batailles des mercenaires qu’avaient eu à livrer les carthaginois puniques après la première guerre punique, le site de la bataille de Zama en 202 av JC, les nombreux sites de batailles pendant la deuxième guerre mondiale comme la bataille de Mareth, la bataille de Kasserine, la batailles de Medjez El Beb, la bataille de Bizerte… Sur ce plan la littérature de guerre est enrichissante.

Au niveau du Ministère de la Défense :

– De la rigueur dans le traitement des dossiers relatifs à des visiteurs passants. L’expérience a été faite avec de nombreux clients généralement en formule individuelle.
– Une bonne gestion des musées militaires et de la mémoire et des prix d’entrées dans ces musées en moyenne cinq fois moins chers que les sites gérés par l’Institut National du Patrimoine. Quant à tous les cimetières les entrées sont gratuites.
– Les musées militaires sont continuellement supervisés par des guides locaux qui sont des militaires. Leur tâche est d’accompagner les visiteurs en leur prodiguant des explications, en répondant aux éventuelles questions.
– Pour pallier aux lacunes de l’ONTT, un centre de formation de guides militaires est en cours à l’Aouina.
– Pour d’éventuelles visites dans des lieux isolés qu’impose le principe de la thématique militaire, le ministère de la défense gère correctement la sécurité des visiteurs, les procédures de l’escorte, et l’accompagnement jusqu’à la fin de la visite.
– Une bonne coordination et une communication satisfaisante existe entre les prestataires de services touristiques et les responsables du ministère de la Défense, notamment entre ces derniers et les guides de tourisme.
– Une bonne coordination entre militaires et agents de la garde nationale et du ministère de l’intérieur pour coordonner les opérations d’escorte et de sécurité pour les touristes. ü Une meilleure connaissance que les agents de l’ONTT de la géographie des lieux à visiter. Ceci est pratique lorsqu’un visiteur revenu sur des lieux où il a livré une bataille n’arrive pas à retrouver facilement le site.

Ce que la matrice militaire tunisienne devrait développer dans les années à venir : Dresser méthodiquement une carte détaillée des sites à attrait militaire ou défensif couvrant tout le territoire tunisien:

– Dresser un guide spécialisé traitant de cette matière.
– Élaborer des structures de la formation dans le domaine du guidage spécialisé au-delà des modalités des formations déjà existantes. Proposer à l’O.N.T.T des circuits thématiques « standards » de plusieurs journées afin de les labelliser.
– Mettre ces circuits avec les illustrations et les indications propices de point de vue cognitif dans des bases de données en s’assurant de leur publication dans plusieurs supports accessibles.
– Mettre en œuvre une équipe de prospecteurs des produits touristiques avisés en leur fournissant l’aide nécessaire d’un point de vue essentiellement logistique. Intensifier les conférences, les séminaires, et les Workshops qui traitent de ce sujet intéressant. Consulter les expériences des autres pays pour ce type de tourisme spécialisé.
– Concevoir des programmes éducatifs pour les écoliers, les collégiens et les lycéens en conjointe collaboration avec le ministère de l’éducation nationale.
– Établir une cellule permanente de la communication avec les touristes ou les demandeurs d’informations dans le domaine du tourisme militaire tunisien.
– Proposer des journées de formation continue aux guides professionnels nationaux agréés mais non spécialisés dans le tourisme militaire afin de favoriser les potentialités d’agrandissement du champ de ce marché touristique prometteur.
– Travailler sur la conception de documentaires pertinents pour rendre compte de la riche histoire militaire tunisienne à l’instar de la campagne d’Afrique du Nord au cours de la seconde guerre mondiale. Cette campagne militaire fâcheusement souvent passée sous silence a pourtant défini le sort du monde entier pour les décennies qui l’ont suivie.
– Établir une meilleure communication avec les agents du patrimoine et ceux de l’O.N.T.T pour rehausser le produit « tourisme militaire tunisien ».

Merci de votre attention. »